Revivre
La vie est en train de gagner...Depuis vendredi dernier, date à laquelle j'ai eu un rendez-vous avec un grand ORL conseillé par mon médecin traitant qui est excellent et qui ne s'est jamais trompé me concernant, je prends un médicament contre l'hypertension artérielle et un autre contre les problèmes cardiaques ; or 24h après la prise des premières doses, une amélioration notoire s'est produite. Cette amélioration n'a cessé de progresser tout le week-end, aussi bien au niveau de l'audition dans l'oreille affectée qu'au niveau du bruit de fond (type "silence assourdissant"). J'ai pu faire ma reprise à l'équitation, et j'ai eu le bonheur de monter mon cheval préféré que j'adore, Marley...Mais j'osais à peine y croire, je n'en parlais à personne de peur de subir une terrible rechute. Cependant, lundi en allant au travail, j'ai nettement ressenti que ça allait beaucoup mieux, la rue, le métro, tous les bruits redevenaient plus proches de la normale, et bien moins agressifs, la cacophonie ambiante et intolérable redevenait peu à peu un simple bruit de rue, de vie...Bouleversée, et ayant promis au médecin de le rappeler car si je n'allais pas mieux je devais être hospitalisée dans le seul lieu médical susceptible de traiter cette pathologie rare, la clinique Edmond de Rostchild, je lui ai donc expliqué mon amélioration progressive, et il m'a dispensée de l'hospitalisation en me donnant un nouveau rendez-vous jeudi (aujourd'hui donc), jusque là je dois poursuivre le traitement qui m'a sauvée.
Il semble donc que mon accident ait bien été du à un petit vaisseau sanguin très fin dans l'oreille interne qui s'est retrouvé soudain bouché par une montée de sang, due à l'hypertension artérielle : il y a donc une pathologie vasculaire due en partie à mon patrimoine génétique et en partie à ma nature très nerveuse. Mes nombreuses migraines seraient aussi liées à ce qui s'est passé, par une innervation des vaisseaux sanguins cochléaires via le nerf trijumeau. Je n'ai jamais porté une grande attention à tous ces signes, mon coeur qui s'emballe très vite à la moindre contrariété, les micro-spasmes nerveux dans mon visage, invisibles mais que je ressentais, les crampes musculaires soudaines et terribles...Jamais je n'aurais pensé être sujette à de l'hypertension artérielle et aux problèmes de régulation cardiaque, n'ayant que 38 ans, étant en pleine forme, et très mince. Le médecin m'a expliqué que je devrai faire un bilan complet, et être suivie à vie sur ce plan. Il m'a aussi conseillé de revoir mon mode de vie.
Le choc est terrible. D'une part la joie incroyable et bouleversante de retrouver peu à peu une vie normale, d'entendre correctement les choses et non plus de façon disproportionnée et erronée, et d'autre part la surprise énorme de ce qui m'arrive : je réalise que je vais devoir me calmer, que ma vie familiale est une terrible source de stress et d'angoisse pour moi, car ce n'est que dans ce cadre que je m'énerve à la folie, écrasée de travail et me sentant toute seule pour tout gérer, alors qu'au contraire au bureau je suis très détendue, joyeuse, parce que je me sens entourée, appréciée pour mon travail, épaulée si besoin...Il va falloir que je remette les pendules à l'heure dans ma vie familiale, et ce ne sera pas chose facile. Mais il y va de ma santé, de ma vie, et je ne lésinerai pas sur les efforts à faire, et il faudra bien que mes proches en fassent aussi, s'ils veulent me conserver avec eux. Je tiens à m vie.
Parce que j'aime tant la vie, par-dessus tout !
Dieu que c'est bon de retrouver un peu le monde, d'entendre Clio miauler quand je lui donne à manger, ce matin j'ai pleuré en entendant un type dans le métro avec sa musique, c'était pas spécialement beau ni harmonieux, mais rien que de l'entendre jouer, d'avoir une perception normale des sons qu'il produisait, rien que cette sensation libératrice de ne plus être agressée, déchirée, blessée par le bruit, c'était un tel soulagement, un tel bonheur...
Je tiens à remercier ici toutes celles qui m'ont laissé des messages, et en particulier Cotonnette qui m'a appelée quand j'étais au plus mal. Merci aussi à mes collègues et à ma hiérarchie, même s'ils ne me liront jamais ici, pour leur soutien et leur sourire, ils ont été formidables...Et merci à mon frangin qui s'est beaucoup excusé pour tout, et à ceux de ma famille qui sont présents en cette dure épreuve. Je ne suis pas encore sortie d'affaire, n'ayant pas totalement retrouvé l'audition à droite et le bruit de fond n'est pas complètement parti, mais j'ai bon espoir...Je n'ai jamais cessé de croire et de vouloir guérir, de toutes mes forces. Je sais que ça aussi, cette foi, cet amour indéracinable de la vie, ce désir, sont pour beaucoup dans mon mieux-être...
Je dédie ce billet à Vénus, parce qu'elle m'a tant manqué durant ces jours atroces de souffrance, et parce qu'elle aussi s'est battue jusqu'à son dernier soupir pour la vie avec moi.